Que ceux à qui la campagne , la vraie , donne le cafard , laissent tomber. Là où je vous emmène , dans le Cézallier , plateau volcanique que se partagent le Puy-de-Dôme et le Cantal ,  le climat est rude , on est loin de tout et le silence n'est troublé que par le tintement des clarines On est à peu près à 1200 m d'altitude et l'élevage est la principale ressource

comme dans ce hameau de Jassy , avec ses quelques fermes encore en activité  ou désaffectée souvent encore coiffées d'un toit de tôle .

La couze d'Ardes  traverse tumultueusement le hameau 

 En été ,quelques touristes séduits par l'authenticité du lieu s'arrêtent pour respirer le grand air , montrer à leurs enfants les animaux de la ferme et acheter des fromages de chèvre si le coeur leur en dit .

Monsieur a été parqué de l'autre côté du torrent et il semble s'y trouver bien .

L'âne a refusédignement la carotte épluchée et lavée que lui tendait un photographe prévoyant et optimiste .

 Les vaches regardent passer les visiteurs et certaines se demandent ce qu'ils peuvent bien faire là .

J'avoue que je ne sais pas à quoi sert l'anneau qu'on leur met dans le nez

et que j'avais déjà vu sur un autre troupeau , en version plus solide...

 C'est amusant d'écouter les petits citadins se disputer lorsqu'ils tentent d'identifier les animaux qu'ils voient : hier , c'était le cochon qui était l'objet de désaccord , sans doute parce qu'il n'a pas vraiment la queue en tire-bouchon...

 Pour le situer ce village du Puy-de-Dôme , une photo prise en hiver...

L'été , les abords de l'église restent fidèles aux passeroses qui égayent une ruelle aux maisons très anciennes .

Et le théâtre de plein air , à l'antique , attend quelques spectacles ...

L'abbaye de Randol , de style contemporain , est située dans le Puy-de-Dôme ,à 600 m d'altitude , dans la vallée de la Monne , en amont de Saint Saturnin , dans un site propice à la méditation.

Fondé en 1968 par les moines bénédictins de l'Abbaye de Fontgombault , le monastère a été inauguré en 1971 et érigé en abbaye en 1981 .

Il compte aujourd'hui une quarantaine de  moines vivant sous la conduite d'un Père Abbé et partageant leur temps entre la prière , l'étude de la Bible et le travail agricole , forestier et artisanal.

Ces moines sont réputés pour leurs offices chantés en grégorien .

De l'abbaye dépend un village , jadis totalement abandonné , que les moines ont restauré de leurs mains ; les maisons sont prêtées tout au long de l'année à des familles qui viennent en retraite liturgique , le ressourcement spirituel étant prioritaire .

Quelques granges servent à entreposer du matériel agricole et à abriter les moutons des moines .

En ce mois d'avril , le village est fleuri ...

A l'entrée de la place de l"église se dresse la chapelle Sainte  Madeleine ,antérieure à l'église elle-même et qui fut peut-être la toute première église du village ; pendant la guerre de cent ans , elle fut intégrée au système défensif . Elle servit aux baptêmes et au dépôt des morts aux XVIIème et XVIIIème siècles .Actuellement  , rachetée par la commune et restaurée , elle sert de salle d'xposition .

Elle est entourée d'un jardinet qui domine les gorges de la Monne ,que l'on entend en contrebas . Ce jardin a pris la place d'un très ancien cimetière dont la porte a été conservée .Sur le linteau , on peut encore lire l'inscription :" Nous avons été comme vous . Un jour vous serez comme nous . Pensez-y bien "

A l'opposé de la place débute la rue des Nobles , où des gentilshommes avaient leurs demeures . Elle recèle encore à l'abri de hauts murs ,de très belles maisons anciennes .

Repassons devant la chapelle , accompagnés par les criailleries des choucas qui mènent bon train sur les toits de l'église tandis que quelques pigeons se rengorgent dignement   

Nous arrivons sur une place et découvrons une fontaine Renaissance en lave , aux armes des Latour et des Broglie ,  avec des marguerites en souvenir de la reine Margot   

Le fût porte un curieuse inscription latine où certains ont pu deviner la paraphrase d'un verset de psaume ,qu'on pourrait traduire par :"Le ciel le plus élevé est pour le seigneur mais il a donné le ciel inférieur et la croix à Marguerite ."  (Guide de l'Auvergne Mystérieuse .Les Guides Noirs .Tchou )

En bout de cette place on découvre le château ( XIIIème-XVème siècles )

Il  appartenait aux Latour ,famille dont était issue Catherine de Medicis et dont il fut la propriété .Elle y avait reçu en 1566 son fils Charles IX. C'est dans ce château que l'infortunée Marguerite de Valois fut maintenue prisonnière quelques jours en 1586 avant d'être enfermée pour de longues années au château d'Usson , en châtiment de ses complots contre les deux Henri , le roi Henri III , son frère , et Henri de Navarre encore son époux .Elle y revint , libre ,en 1606.

Aujourd'hui je vous propose une petite promenade à Saint-Saturnin , au sud  de Clermont- Ferrand .

La lumière est encore hivernale et aucune fleur ne s'épanouit encore contre les solides murs de pierre , mais ce village dont la partie ancienne domine les gorges de la Monne sait nous parler en toute saison .

Nous partons tout en bas , de la place du marché , qui était à l'honneur lors des grandes foires à bestiaux  qui suivaient le rythme pastoral (avant l'estivage ,et à la descente des troupeaux ) . Il reste un "travail"  où on attachait les animaux de trait  pour leur enlever l'excès de corne et les ferrer ; ce travail a fonctionné jusqu'en 1970.

Après avoir franchi un porche , nous empruntons une petite rue étroite aux allures médiévales et qui grimpe .

On remarque l'échoppe d'un boucher (un abattoir fonctionna là jusqu'en 1956 ! ) .

Un peu plus loin , une maison du XVème siècle dont la porte est surmontée d'un écusson

L'église du XIIème  siècle est la plus petite des 5 églises romanes majeures d'Auvergne .

La forme pyramidale de l'ensemble mène le regard vers le ciel par l'intermédiaire du massif barlong et du clocher octogonal ,le 8 symbolisant l'infini , la vie éternelle , la résurrection  (source : la plaquette explicative distribuée à l'intérieur de l'édifice  )

La façade utilise les 2 pierres les plus répandues dans la région :l'arkose blonde et la lave noire . La décoration est très auvergnate

L'intérieur est très clair et remarquable par l'harmonie des proportions.

Le choeur est surélevé .L'autel en bois doré est marqué des initiales couronnées d'Henri IV et de Marguerite de Valois

Dans la crypte ,on peut admirer une pieta de la fin du XVème siècle et une tête de Christ en calcaire du XVIème siècle .

Sur la très belle place de l'église se voient encore de très  demeures anciennes .

La suite demain ...si le coeur vous en dit ...

La Sauvetat , village entre Clermont-Ferrand et Issoire , garde beaucoup de vestiges de son passé et c'est ce qui en fait tout le charme .

Une commanderie des Hospitaliers de Saint jean de Jérusalem ( futur Ordre de Malte ) , installée dans le village , prit toute son importance dans la première moitié du quatorzième siècle où débuta une très longue période d'insécurité (bandes armées incontrôlables , guerre de Cent Ans ,guerres de religion ...)

 Odon de Montaigu , Grand Prieur d'Auvergne , compléta et modifia le système de défense antérieur ce qui aboutit à une double ligne de remparts . C'est lui qui fit don à La Sauvetat d'une statue reliquaire de la Vierge en majesté en cuivre ciselé et émaillé.

Au quinzième siècle ,les Hospitaliers , qui avaient consolidé leurs droits sur le village , prirent en mains la défense collective ; la majeure partie de l'espace habité fut alors incluse à l'intérieur des remparts : habitations serrées  , les "loges" régulières et jointives , ruelles étroites ...

Une association , Les Amis de la Commanderie , a pour objectif la sauvegarde du fort de La Sauvetat.

Des restaurations ont été effectuées avec l'aide financière de l'Etat ,du Conseil Régional d'Auvergne et du conseil Général du Puy de Dôme.

Le donjon circulaire , de 24 m de haut , bâti sur plusieurs  étages de caves , comprend 4 salles superposées . Le rez-de-chaussée fut utilisé comme prison et communique avec un cachot en sous-sol

La porte est surmontée des armoiries de l'Ordre de Saint Jean et de celles  du Drand prieur d'Auvergne , Odon de Montaigu.

Autour du donjon , entourées  de remparts ,des ruelles formaient un véritable labyrinthe .Les maisons sont bâties sur des caves , formant une sorte de ville souterraine .

La paix revenue , le quartier fortifié perdra son rôle de défense et les bâtiments seront utilisés à des fins agricoles ,le village étant un centre agricole riche (vigne ,céréales ) sous l'administration des Hospitaliers jusqu'à la Révolution .

Voici une maison ancienne typique : rez-de-chaussée réservé à l'exploitation (cuvage , cave...) et habitation à l'étage , à laquelle on accède par un escalier extérieur qui conduit à un perron abrité par un auvent ...